-
Je ne suis ni avant ni après
Je ne suis
ni avant ni après,
et tes doigts
se confondent
avec l’eau de la rivière.
Aussi rapide sinue-t-elle,
tes ongles ne cessent
de s’imprimer
dans la peau du temps
en cherchant
à en retenir,
vainement,
la course effrénée.
Après le couché du soleil,
c’est toi qui strie les champs de la plaine,
déversant tes mains
dans les sillons des plantations.
Ton sourire régulier
irrigue
par la surface
tout ce qui ne se voit pas
de la terre et de la nuit
mélangées.
Je ne suis
ni la veille ni le lendemain,
et tes yeux ressemblent
à des amandes vertes écrasées,
la coque en moins.
Le soir venant,
tu tends tes paupières
de part et d’autre
de l’aile de la maison.
Et tu nous salives
toute la nuit
des cinémas imaginaires.
Je ne suis
ni le souvenir ni le projet,
et tes lèvres ressemblent
aux cerises restées sur l’arbre
longtemps
après les dernières cueillettes.
Au cœur de la nuit,
dans le brasier de l’invisible,
tu fonds et moules
tes cheveux
pour recueillir la rosée
avant l’aube
évanescente.
Et tu caresses
les vies aveugles
de chacune de ces gouttelettes
qui,
chaque nuit du monde,
croient être
le reflet
d’une étoile
qui jaillit
et disparaît
au-dessus d’elles.
Je suis ici,
tu n’es pas là.
Ailleurs
est le présent
et l’un
et l’autre
y existons
peut-être ?
-
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment
Ajouter un commentaire