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Ça siffle.
Ça n'arrête pas de siffler.
J'arrête de respirer.
J'écoute.
Qu'est-ce que ça peut siffler ?
Puis je respire à nouveau.
Me rend compte que je ne sais pas faire autrement.
Je peux bien décider d'arrêter de respirer.
Ça ne marche pas.
C'est comme de dire
demain je ne t'aime plus.
Ou tout à l'heure.
Ça va faire un an que j'essaie de ne plus t'aimer,
tout comme depuis le même temps
j'essaie de ne plus respirer.
Ni l'un ni l'autre ne fonctionne.
Vraiment, une affaire de volonté ?
Je regarde les autres mais y a de la friture sur mon cœur.
Je les écoutes et je déborde d'acouphènes.
La folie : c'est à partir de quand on se demande si on y glisse ?
Je t'aime.
C'est plat.
C'est téléphoné.
C'est profond.
Je pourrais
crier des injures
mais c'est trop facile.
La souffrance
on en rirait presque.
Comment peut-on la prendre au sérieux
quand on est pas vraiment brûlée au troisième degré ?
Les autres je les vois, mais je ne les regarde pas.
J'y pense, je lutte.
Tu as dis que je ne devais rien attendre de toi.
Tu vois, ta voix, je l'entends.
Je t'écoute.
Mais m'y résoudre
ne fait pas parti de l'addition de mes sentiments
et de la soustraction des tiens.
Les autres, je les regarde, mais je ne les vois pas.
J'y pense, je lutte.
Tu as dis que tu ne savais pas si tu m'avais vraiment aimé
un jour.
Un jour c'est long.
Y a des jours, un jour, qui restent immuables
peu importe le jour.
Y a des jours, ils durent toute une vie.
Simplement, on s'en doute pas.
Y a des jours, un jour on fait ce qui nous plait.
Y a un jour, on panse nos plaies tous les jours.
Aujourd'hui,
c'est tous les jours de la semaine.
Aujourd'hui,
je t'aime
comme un premier mai.
Publié dans la revue Cabaret hors série N° 1
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