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La neige n’est pas tombée
mais sous mes pas,
le sol craque quand même
Un texte qui m’entraille
Un autre garçon est toujours là
Quoi que je fasse, à chaque fois que mon regard porte à l’angle de la rue, un autre garçon est toujours làUn étranger
Toujours
L’exil des baisers
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Ici,
des bruits sourds
mariés aux pas étouffés.
Seuls les cliquetis
des carcasses des charriots
ricochent
du linoléum
au plafond.
D'un air détaché,
on fait quand même attention
à ne réveiller
personne.
Ici, les âmes restent derrière
les portes à double battants.
Là,
où le monde respire
et produit du bruit
jusque dans les cellules
endoloris
de ceux qui restent.
Ici.
On ne croise pas
Gabrielle Wittkop.
On traverse la fraîcheur
en oubliant le froid.
Nonchalamment,
on reste sur ses gardes,
l'ouïe et l'odorat
toujours en alerte.
Parfois,
on rit,
sans humour,
de ce qui met mal à l'aise.
Jamais aux éclats.
Ici,
la vie est absorbée
par le craquement
des néons
et les vrombissements légers,
mais constant,
du fréon.
Ici,
pas de plante,
pas d'araignée,
pas même de mouches.
Pas d'empreintes,
quelques rares marques de gomme.
Pas celles qui s'effacent,
mais celles qui tracent
les sillons incertains
des brancards.
Ici,
à Noël,
personne ne s’aventurerai
à décorer les lieux,
comme il arrive parfois
de le faire dans les plus mornes
services administratifs.
Ici...
On ne rencontre pas
de James Ellroy.
Ici,
des portes neutres
se succèdent
de part et d'autres.
Aucune,
dans cet anonymat
ne donne envie
de pousser voir
derrière.
L'oubli d'une ouverte
est rare.
Le temps d'un battement
de porte
d'un côté,
de paupière
de l'autre,
et c'est inscrit
dans la mémoire de la seconde :
… un tiroir
un zinc
une paillasse
maculée...
Ici,
on constate.
On témoigne.
Ici...
Pas le fantôme
d'un Alexandre Lacassagne.
Ici,
il n'y a que l'ombre
de la lumière récalcitrante
et la fin discrète
d'un des 3 huit
qui temporise l'espace.
Les allées et venues
sont quotidiennes,
si feutrées
qu'elles semblent
invisibles.
Ici,
c'est la symphonie des tiroirs,
l'orgue des décédés joue
les gares de transit.
L'éternité
n'existe pas.
Personne ne reste ici.
Même pas les morts.
Ici,
il n'y a pas la mémoire
de la dernière respiration,
pas le souvenir
du dernier regard,
pas les dernières sensations
d'un corps encore chaud d'une vie
qui n'a pas amorcé sa décrue.
Ici.
On ne frôle pas
un Herbert Lieberman.
Rien de la vie
de dehors,
en surface,
n'a de prise
avec la réalité
d'ici.
Les rares fois
où la rencontre
avec l'autre monde
se fait,
c'est quand on accueille
ceux qui disparaissent
les nuits heureuses
des sorties en discothèque
ou à la Saint-Sylvestre.
Également,
lors de quelques
évènements pandémiques
comme les grands
carambolages
des départs en vacances...
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